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Rallye Monte-Carlo 2019
La saison 2019 commence cette année par le rallye de Monte-Carlo pour le team Automéca.
Aux commandes de la Clio R3T Stéphane Clair et Alain Kanbelle prenne de départ dans cette épreuve avec seulement une séance d’essai sur piste à Serre chevalier.
Les mots du pilote...
Stéphane Clair : « Le Rallye de Monte-Carlo, une aventure humaine intense ! »

Après plusieurs participations à de nombreux rallyes moto dont le Dakar, mais également au Rallye du Var en 2015 et 2017, Stéphane Clair, Directeur Général du Circuit Paul Ricard, s’est engagé au départ du dernier Rallye de Monte-Carlo avec pour objectif de rallier l’arrivée en principauté. Pari tenu ! Non sans quelques frayeurs, un stress intense et de belles émotions... Retour sur une aventure vécue avec son coéquipier et ami Alain Kanbelle au volant de la Clio n°68 du team Automéca.

Véritable passionné de sports mécaniques et pilote de moto, Stéphane Clair compte à son actif des participations au Championnat de France enduro, à de nombreux rallyes à travers le monde dont le Dakar à plusieurs reprises. Mais il est également pilote auto en rallye-raid, sur circuit terre et glace. Après une participation à la finale internationale de la Renault Clio Cup au Castellet fin 2018, Stéphane Clair s’est attaqué en ce début d’année à une des épreuves les plus prestigieuses et difficiles, le Rallye Monte-Carlo, manche d’ouverture du championnat du monde des rallyes WRC.

Première expérience en championnat du monde des rallyes
Du 24 au 27 janvier derniers, Stéphane Clair a troqué sa casquette de Directeur Général du Circuit Paul Ricard contre la combinaison de pilote pour prendre le volant de la Renault Clio 4 R3T n°68 du team Automéca de Grégoire Bouchet basée dans la zone d’entreprises de Signes à quelques pas du circuit varois. Sur le siège passager, Alain Kanbelle, ami de longue date de Stéphane, détenteur d’un beau palmarès : 8 fois champion de France moto en enduro (pilote et team manager) et médaillé de bronze au championnat du monde d’enduro. Pour son rôle de copilote Alain a pu se baser sur son expérience de navigation en rallye-raid. Alain et Stéphane, tous deux licenciés auprès de l’Association sportive automobile (ASA) du Circuit Paul Ricard, étaient aidés par Manu Guigou et Florian Barral en tant qu’ouvreurs.

Outre une préparation physique avec remise en forme et course à pieds, le duo de pilotage s’est entraîné à la conduite sur glace sur circuit à Serre Chevalier et sur la version glacée du Circuit Paul Ricard en Laponie, mais selon eux cela ne les préparait pas à ce qui attend réellement les pilotes en course sur les routes piégeuses et atypiques des Alpes.
Le plus dur pour un équipage amateur ? Connaître la voiture. « On ne connaissait pas sa réaction ni les réglages à faire. Nous avons effectué les « reco » en Clio RS, mais la Clio R3T a eu un comportement complètement différent, en course on est plaqué au sol, les freins sont extrêmement durs, il a fallu s’adapter très rapidement. La surprise était au rendez-vous à chaque virage ! » raconte Stéphane Clair.

Un shakedown difficile
La séance d’essais non chronométrée du jeudi 24 janvier à Gap a été mouvementée pour l’équipage. Après un premier tour respectable (50ème au classement sur 84) et une découverte de la voiture (équipée en pneus cloutés pour l’occasion afin de tester la réaction de l’auto avec des pneus non adaptés), l’équipage a tenté d’améliorer dans le 2ème tour. Mais dans un virage à gauche très rapide, il y a une eu une compression des pneus, la voiture s’est mise à glisser sur les 4 roues et la sortie de route fut inévitable… 3 mètres plus bas. L’exploit fut alors de rallier le point d’assistance, de réparer et de se présenter à l’arrivée, le tout en 2 heures. « Cet épisode fâcheux m’a fait comprendre, se remémore Stéphane, qu’il ne faut pas chercher la performance et à ce moment-là j’ai pris conscience que ce rallye n’allait pas être facile. J’ai vécu le 2ème plus gros stress de ma carrière de pilote après le départ du Dakar. Avec le recul c’est une bonne adrénaline, on sort de sa zone de confort. »

Un binôme efficace, la confiance de retour
Après cette première frayeur, le tandem ne s’est pas laissé abattre et s’est remotivé.
Alain Kanbelle, pilote moto et ami de Stéphane Clair, a assuré avec brio son rôle de copilote : « C’est un sacré exercice d’avoir le nez dans ses notes tout en regardant la route pour se repérer, de communiquer avec le pilote, de pas faire sentir qu’on doute, il faut rester zen !».
« C’était primordial pour que ça fonctionne d’avoir confiance l’un l’autre, de communiquer de manière efficace pour ne pas perdre de temps. On se sent responsable pour deux quand on a le volant entre les mains » explique Stéphane.

Le rallye et le circuit, les risques ne sont pas au même niveau
Stéphane Clair compare son expérience sur circuit, la dernière étant celle de la finale internationale de la Renault Clio Cup en novembre dernier au Circuit Paul Ricard, et le pilotage en rallye : « Sur circuit on a beaucoup plus de repères, le pilotage est plus technique certes mais il n’y a pas de grave risque, on se sent protégé, alors qu’en rallye il n’y a aucune marge de manœuvre. L’erreur, si elle est commise, peut être fatale, la peur est là en permanence ! En course, on reproduit le même pilotage on est sur le même tracé pendant X tours, alors qu’en rallye on est dans l’inconnu, on est en mode « qualif » en permanence sur 20-30 km de spéciales. »

Une formidable équipe d’assistance
L’importance dans ce type de compétitions en équipe est la bonne entente et la confiance :
« L’équipe de mécaniciens (Bastien Heron et Lucas Chalimon) dirigée par Grégoire Bouchet ont effectué un super travail tout au long de cette épreuve. Nous avions la pression de ne pas les décevoir, il fallait assurer aussi pour eux et garder la voiture intacte » Les mécaniciens, les ouvreurs, les pilotes travaillaient tous dans le même objectif, celui de de l’arrivée à Monaco.
Pour les réglages, le choix s’est porté sur l’option souple afin de faciliter le pilotage et de pouvoir réagir : «Nous avons privilégié la sécurité à la performance afin d’assurer l’arrivée ». Le choix s’est avéré payant.

Le support du public et des medias
Le Rallye Monte-Carlo représente 300 000 spectateurs et jusqu’à 50 000 sur une journée. C’est un événement également médiatisé. En sa qualité de directeur du Circuit Paul Ricard, Stéphane Clair a été sollicité par les medias et le public : « Certains journalistes ont été agréablement surpris de me voir en combinaison de pilote, et pour l’anecdote un spectateur m’a même attendu à l’arrivée de la spéciale de Turini pour que je lui dédicace le livre de Daniel Ortelli consacré au Circuit Paul Ricard. » Ces témoignages de sympathie ont ravis le duo de pilotes au fil de leur passage, « mais il faut rester humble et surtout rester concentrés ».



Un résultat honorable au bout de 3 800 km
Au terme de la 87ème édition du Monte-Carlo, la voiture n°68 a finalement rallié l’arrivée en se classant 60ème du général sur 84, 6ème dans sa catégorie R3 et 3ème de sa classe. Une belle performance pour le duo d’amateurs.
Piloter en rallye implique une maîtrise de soi, une gestion du stress et une palette de techniques de pilotage : « Les rallymen sont vraiment des sportifs hors normes, les Sébastien Loeb, Sébastien Ogier ont une capacité de réaction, des aptitudes au-delà du commun, ils ont un véritable don ! » reconnaît Stéphane Clair.

Les plus grands ont salué le parcours du directeur du circuit :

Manu Guigou, champion de France des rallyes 2 roues motrice 2015-2016-2017 et ouvreur de Stéphane Clair : « J’ai bien apprécié notre collaboration lors de ce Monte Carlo particulièrement difficile ! À part le Shakedown je trouve que tu t’en aies bien sorti compte tenu de la difficulté de cette épreuve. »

Ari Vatanen, champion d’Angleterre des rallyes en 1976 et 1980, champion du monde des rallyes 1981 et champion du monde de rallye tout terrain 1997 : « Bravo Stéphane, je suis fier de toi ! Les rallymen assurent ! Amuse-toi bien mais reste loin du fossé ! »

Eric Boullier, ancien directeur de la compétition de McLaren Racing : « Félicitations pour ce podium, superbe performance ! »

Pour Stéphane Clair, cette aventure humaine est une des plus belles expériences : « j’ai eu la même sensation qu’au Dakar, c’était aussi intense. Se remettre en question en permanence, il n’y a qu’en sport auto qu’on a ce sentiment. » En conclusion, « le sport auto est une grande famille, c’est super de pouvoir vivre de l’intérieur ce que vivent les pilotes que l’on côtoie régulièrement et de le partager avec les meilleurs d’entre eux. Un grand merci aux équipes de l’Automobile Club de Monaco pour la parfaite organisation de cet événement. »